Paul VI dans son discours pour l'ouverture de la deuxième
session du concile Vatican II, le 29 septembre 1963, insista sur la nature
pastorale du concile, et lui donna quatre objectifs principaux :
Définir plus
précisément la nature de l'Église et le rôle que les évêques devaient y jouer,
ce qui fut fait lors du concile Vatican II où le rôle des évêques est renouvelé
dans un sens plus collégial et décentralisé (Lumen gentium), et où "le
sacerdoce commun" des fidèles fut reconnu (Lumen Gentium), mais l'Église
ne poussa pas assez loin ces rôles, car à travers la question de la
collégialité et de la relation entre les clercs et les laïcs, ces thèmes du
concile Vatican II n'ont jamais été appliqués dans les textes, car la période
de Restauration à l'époque Jean-Paul II transforma les évêques et les fidèles
en simple exécutants;
Rénover
l'Église, comme cela a été fait à travers la rénovation de la liturgie
(Sacrosanctum Concilium) avec le nouvel ordre de la messe en 1969, qui permet
la simplification des rites, avec une plus grande participation des fidèles à
la liturgie, et d'abandonner généralement le latin, même si un retour en
arrière a été visible avec l'acceptation du rite extraordinaire par Benoît XVI;
et par le fait que les fidèles peuvent se saisir des écritures saintes et les
interpréter (Dei verbum), pourtant à partir de Jean-Paul II on décide de
condamner ceux qui permettent aux fidèles de comprendre les Évangiles;
Restaurer l'unité
entre chrétiens, et demander pardon pour la part prise par l'Église dans les
divisions comme cela fut fait à travers Lumen Gentium (Lumière des nations), où
l'Église reconnaît que les autres Églises ont une aussi une part de
"vérité". Pour cela, il fallait renoncer à toute attitude de
médisance et d’agressivité envers les "frères séparés" et mener des
dialogues entre experts bien informés. À travers le décret sur l'œcuménisme
(Unitatis Redintegratio), on demande aux catholiques de s'y investir pleinement
à travers des prières avec les autres Églises; tout en chercher à se rénover et
à se réformer soi-même. Dominis Iesus en 2000 n'a pas donné ces signes
attendus;
Et relancer
le dialogue avec le monde contemporain comme cela fut fait durant le concile
Vatican II à travers Gaudium et spes, sur "l'Église dans le monde de ce
temps", où l'Église cherche à répondre aux questions soulevées par la
modernité, le pluralisme culturel, les questions éthiques, la guerre, et la
dignité de la personne humaine. L'Église se devait de voir les "signes des
temps", mais cela ne fut pas fait sous l'époque de Jean-Paul II et Benoît
XVI qui se sont opposés aux changements sociétaux et sociaux.
Paul VI avait
commis l'erreur d'enlever les sujets sensibles au concile durant le concile
Vatican II que souhaitaient traiter les pères conciliaires. Paul VI avait
commis l'erreur de vouloir unifier les tendances traditionnelles et
progressistes qui étaient inconciliables. Cela peut expliquer pourquoi lors du
concile Vatican II, l'Église des pauvres souhaitée par le cardinal Lercaro
n'avait pas été abordé, elle le sera lors de l'encyclique Populorum progressio
en 1967 et lors du congrès de Medellín en 1968 qui opta pour l'option
préférentielle pour les pauvres, qui mit en avant la théologie de la
libération, avant qu'elle soit muselée par la curie à partir de 1984. La vision
du mariage au concile en resta au point de vue traditionnel et l'Église ne
parla jamais du divorce et du remariage avant les années 1970.
D'autres
sujets encore plus sensible ne furent pas traités comme le contrôle des
naissances refusé par l'encyclique Humanae Vitae en 1968; le célibat des
prêtres confirmé par Sacerdotalis Caelibatus en 1967 et lors du synode des
évêques de 1971 au détriment de certains pères conciliaires qui souhaitaient
appeler des viri probati, des hommes mûrs, pères de famille, menant une vie
professionnelle stable; les ministères féminin oubliés alors que le décret
Apostolicam actuositatem, dira qu’il est important que la participation des
femmes grandisse dans les divers secteurs de l’apostolat de l’Église, tandis
que Paul VI en 1965 laisse la femme à son rôle traditionnel d’épouse, de mère,
d’éducatrice, et de gardienne de la foi avec Marie comme modèle; le synode des
évêques créé en 1965 qui conseille seulement le pape qui n'a aucun pouvoir de
décision; et la réforme de la curie souhaitée dans Christus Dominus en 1965,
qui ne fut qu'administrative et non réelle sous Paul VI, Jean-Paul II et Benoît
XVI.
Le concile
Vatican II a permis l'ouverture de l'Église, mais il n'a pas traité des sujets
sensibles. Il faut donc qu'elle se décide à suivre les intuitions du concile
Vatican II. Elles sont nombreuses comme la décentralisation de l'Église, un
meilleur rôle des femmes au sein de l'Église (lectorat, diaconat, prêtrise ?),
le sacerdoce des hommes mariés, une plus grande liberté pour les théologiens et
les exégètes, l'acceptation de la communion pour les divorcés remariés, la
participation des laïcs au gouvernement de l'Église jusqu'à leur décision, la
consultation de ceux-ci sur le choix d'un évêque ou d'un prêtre, une curie
romaine qui soutient le pape dans les réformes au lieu de rendre l'Église
immobile, et une Église qui est au côté des pauvres et qui ne s'oppose pas aux
changements sociétaux (le combat contre le divorce, l'IVG, et le mariage gay
n'a pas donné une bonne image de l'Église).
Si l'Église
est "experte en humanité" comme l'avait dit Paul VI dans Populorum
Progressio, elle ne doit pas avoir peur d'être audacieuse et d'ouvrir en grand les
fenêtres qui feront passer un bon air frais.